Le château de Pintray et ses terres de vignes
Le site de Pintray a presque toujours été occupé par les hommes. Déjà au temps des gallo-romains, il existait une implantation. Mais traversons le temps jusqu’à une époque où les documents écrits nous renseignent.
Un château…
Pintray est un lieu seigneurial qui est mentionné dès 1467. Ce fief appartenait alors à Pierre Pelé, marchand-drapier, et relevait de la seigneurie de la Roche Chargé. Il existe une description de Pintray en 1547, qui consiste alors en « maisons, grange, toits à bête, colombier, garenne, vigne, terres labourables et non labourables, bois taillis, buissons, halliers ». La maison seigneuriale appartient en 1578 à François Pain et à sa femme. Ils ont laissé leurs armoiries sur le fronton de la chapelle et d’un des deux pavillons que nous admirons aujourd’hui.
Mais c’est Olphan du Gast, Maître des Eaux et Forêts, Capitaine des Grandes Chasses, qui bâtit le château vers 1612. Pintray devint ainsi sous Louis XIII un rendez-vous dans la forêt d’Amboise.
De cette époque, il subsiste le rez-de-chaussée, avec bossages alternés Le terme « bossages » désigne les saillies en pierre laissées sur la façade d’un bâtiment comme ornement. Le premier étage n’existait pas. La chapelle date aussi de cette époque, elle consiste en un pavillon carré, avec bossages aux angles et petit clocher octogonal.
La famille du Gast va garder Pintray pendant 150 ans.
En 1744, le château passe à Claude-François de la Noue. Sa veuve, à son tour, le revend, en 1768, au duc de Choiseul, pair de France, premier ministre de Louis XV, qui possédait le château voisin de Chanteloup. Là, cet homme des Lumières vivait entouré de sa cour dans la magnificence et les fêtes. Avant de céder sa propriété, la veuve de La Noue fit transporter la cloche de la chapelle dans la chapelle de Saint-Denis d’Amboise.
Choiseul ne devait pas conserver la terre de Pintray très longtemps, il la revendit à Luc Alen, brigadier des armées du Roi, Major du régiment de Lally-Tollendal, aux côtés duquel il conduisit la guerre des Indes.
A la Révolution, la veuve Alen, « notée pour aristocrate dans l’opinion publique », fut emprisonnée à Amboise. Déclarés biens nationaux, les terres et le château de Pintray furent inventoriés le cinq floréal de l’an II de la République :
« Sommes entrés dans un grand bâtiment de maître situé au lieu de Pintray composé d’une cuisine, office, chambre de décharge à côté,
un salon, un cabinet aux fruits, une chambre à coucher, cabinet de domestique à côté, petit couloir d’entrée et en face le degré pour monter dans les grenier et chambre en mansarde, une grande salle, en laquelle est au midi une porte vitrée pour passer au jardin ci-après, un autre petit corridor en face d’un autre escalier pour monter, semblablement dans le grenier et chambre en mansarde, une autre grande chambre à cheminée, cabinet à côté, grenier et deux mansardes sur le tout couvert d’ardoise, un jardin contenant environ vingt cinq chaînées enfermé de murs orné d’arbres fruitiers, une porte de communication pour aller au clos de vigne au midi, un petit pavillon couvert d’ardoise, dans le coin du mur dudit jardin, au midi et au nord, à l’autre coin des latrines, une porte d’entrée au nord fermée d’une grille en bois avec un espace de terrain vis à vis ledit bâtiment actuellement fumé de chanvre, icelui contenant demi quartier, un pavillon au levant avec un appentis y attenant, et au couchant une ci-devant chapelle, tous lesdits bâtiments couverts partie en tuile et la majeure partie en ardoise. »
Le tout est estimé à 2500 livres, sans compter les dépendances ni les terres. Les dépendances comprennent plusieurs celliers et une grande grange dans laquelle se trouve un vaste pressoir à roue avec ses ustensiles, et des cuves. L’une d’elles a une contenance de 25 pièces (5575 litres environ). Voilà qui confirme la vocation viticole du domaine.
Pintray ne comportait toujours pas de premier étage. Celui-ci fut construit en 1829, ce qui donna l’allure actuelle du château.
… Une terre de vignes
Pintray est aussi un lieu très ancien pour la vigne. Ce sont les moines de Saint-Martin de Tours qui étendirent cette culture autour de Lussault. François 1 er , puis Henri IV ont dégusté le vin des côteaux environnants quand ils vinrent au château de la Bourdaisière.
Comme le montre un plan du XVIII e siècle, Pintray était planté en partie en terres labourables (figuré par la lettre T), en partie en vignes (lettre V). La Loire, toute proche, permettait l’exportation des vins du terroir vers Nantes, à destination des pays nordiques, anglais et hollandais, ceci depuis la fin du XVI e siècle. A partir de l’ouverture du canal d’Orléans, en 1692, une autre partie de la récolte partait pour Paris, grande consommatrice.
Depuis 1937, les terres de Pintray font partie de l’aire d’appellation, AOC Montlouis-sur-Loire. La finesse et le moelleux constituent le caractère de ce vin blanc, tant apprécié de tous. Ses arômes particuliers, fruité et minéral, en font un produit exceptionnel.
Les nouveaux propriétaires de Pintray, depuis 1990, Maryvonne et Marius Rault en continuent la tradition.